Chère Terre-Mère,
Pendant
que d’autres écrivent au Père Noël, c’est à toi que j’écris, le cœur gros face aux chiffres : 60 % du Vivant disparu en
40 ans. Waouh quel record ! A ce rythme là, qui sera en état de nous décerner le trophée "Speed Destroyer "?
J’oscille entre colère et désespoir, impuissante devant un désastre annoncé. Comment en sommes-nous arrivés là ? J'ai besoin de ton aide. Une brise légère m’a caressé tendrement le visage et a murmuré : Cherche la réponse en toi…
J’oscille entre colère et désespoir, impuissante devant un désastre annoncé. Comment en sommes-nous arrivés là ? J'ai besoin de ton aide. Une brise légère m’a caressé tendrement le visage et a murmuré : Cherche la réponse en toi…
Quoi ?
Chercher en moi la racine du mal-être du monde ? N’importe quoi ! J’ai
résisté quelques temps puis, un jour de grande lassitude, j’ai enfoui mon visage
dans l’odeur des feuilles mortes et j’ai remonté le temps. Les souvenirs me
traversaient, teintés de couleurs variées, jusqu’au moment où
j’ai capté une étrange présence, un drôle de manteau rouge et une barbe blanche : le père
Noël !
Terre-mère,
qu’est-ce que le Père Noël vient faire dans cette histoire ? Ce vieux bonhomme généreux qui se donne
sans compter pour satisfaire les souhaits de tous les enfants de la
terre ?
Pas
possible. Il y a erreur. Je m’agite, une branche de sapin vient tendrement effleurer mon
épaule et m'invite à continuer le voyage. Me reviennent des images de magasins aux
guirlandes scintillantes, de vitrines emplies de jouets, ce moment d'une rare intensité où
la porte du salon s’ouvre et mon cœur s’arrête de battre devant ces cadeaux tant attendus.
Papiers
froissés, cris de joie devant le déguisement si longtemps convoité, pleurs de déception à peine retenus devant un
cadeau jamais totalement à la hauteur du rêve.
Noël
après Noël, se renouvelle cette attente fiévreuse des cadeaux et la déception
toujours plus vivace d’un manque qui ne peut être comblé.
Ainsi, avec beaucoup d'inconscience, le Père Noël contribuerait à creuser ce sillon dans nos cerveaux malléables de petits enfants : L’amour
se mesure au nombre de cadeaux que tu donnes et le bonheur au nombre de
cadeaux que tu reçois. L’équation est simple, facile à enregistrer. Tel est un tatouage gravé sur nos corps,
elle régit nos vies.
Comment ai-je oublié l’intensité de nos courses dans les champs de blé, de nos éclats de rire à danser sous la pluie ?
Quand
me suis-je laissée séduire par les paillettes des emballages ?
Comment
ai-je laissé la jouissance d’avoir supplanter la jouissance d’être ?
Peu
à peu, le poison a infiltré mon corps. Course effrénée.
Transe
collective du son trébuchant de la monnaie.
Courte
jouissance pour retomber dans le manque. Addiction.
La
colère monte. Comment suis-je devenue addict ? Arrêtez de me tenter !
Comment
en suis-je arrivée là ? Une brise légère m’a caressé tendrement le visage
et tu m’as murmuré : Cherche la réponse en toi…
J’ai
enfoui à nouveau mon visage dans l’odeur des feuilles mortes pour remonter à nouveau le temps et sentir la racine de cette
compulsion.
La
sensation du manque. L’envie de combler pour ne pas ressentir. La
tristesse, la jalousie, la peur…
J'ai pleuré, mon visage respirant toujours l’odeur des feuilles mortes. Longtemps.
Souffle de ma respiration, souffle du vent.
Et venus de loin, les rires d'une petite fille sautant dans les flaques boueuses.
Souffle de ma respiration, souffle du vent.
Et venus de loin, les rires d'une petite fille sautant dans les flaques boueuses.
Je me suis relevée et j'ai entendu le murmure du vent à mes oreilles : « Le père Noël est un imposteur, une marionnette qui a perdu depuis bien longtemps son âme. Sous des allures de vieil homme sage, il s’en fout de ton bonheur et de la beauté de la planète.
Toi,
toi seule peux sortir de cette transe et dire tendrement : "Je t’aime,
c’est pourquoi je ne t’achèterai pas de cadeaux, je m’aime, merci de ne pas
m’acheter de cadeaux".
Au
cœur de l’hiver, lorsque les nuits sont longues et froides, offrons-nous nos
regards aimants, nos bras, notre créativité, nos mots d’amour…
Offrons-nous
l’émerveillement d’être vivants !
Merci
Terre-Mère de ton soutien essentiel pour choisir consciemment ce chemin vers la sobriété nue.
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