Je vous partage ces réflexions de Christophe André dans son ouvrage "Méditer jour après jour". Elles m'ont permis d'être attentive à ne pas gaspiller mon énergie dans les plaintes et les critiques stériles de ce qui est déjà advenu. Et, à l'inverse, d'explorer avec curiosité et créativité, ce qui peut être mis en oeuvre pour aller de là où nous sommes vers là où nous souhaitons aller.
Bonne lecture !
Accepter ce n’est pas dire « tout est bien »,
cela c’est l’approbation mais c’est dire « tout est là, tout est déjà là ». Nous n’avons pas besoin d’aimer une
pensée, une situation, une personne, ou une expérience pour les accepter. Pas
besoin d’aimer, juste d’admettre que cette pensée cette situation, cette
personne ou cette expérience sont là : elles existent, elles sont déjà dans ma vie et il va me falloir composer et avancer
avec elle.
L’acceptation, c’est une
attitude durable et réfléchie face aux évènements : on arrête de se débattre tout en restant présent dans l’action, de
façon lucide et calme. À chaque chose qui advient, on commence par dire : «
oui. c’est là. » C’est l’accueil sincère et complet du réel tel qui se présente
à nous.
Mais c’est accueil par
le « OUI » ne signifie en rien une résignation et un renoncement agir
et à penser. C’est juste une des deux phases de ce mouvement régulier de notre
esprit, la respiration de l’âme : acceptation
de ce qui est puis action sur ce qui est, acceptation de ce qui est advenu
puis action sur ce qu’il est advenu. Et ainsi, encore et toujours…
Cela devient alors une
seconde nature : Il n’y a alors plus lieu de faire des efforts d’acceptation :
elle est devenu une capacité intérieure discrète et silencieuse qui nous
donne de la force, de la
créativité et de l’énergie.
L’acceptation comme un détour
L’acceptation nous
apprend à suivre le meilleur chemin pour arriver là où nous voulons aller. Et
cette voix n’est pas forcément la ligne droite. Comme lors d’une randonnée en
montagne, ce serait une mauvaise idée de vouloir monter tout droit vers le
sommet.
Le détour par
l’acceptation aura, au contraire, en effet souvent éclairant et paradoxalement
apaisant : je sais, j’accepte, je vais faire de mon mieux puis nous
verrons bien…
La pleine conscience
nous apprend à faire ce détour par l’acceptation : accepter l’idée de l’échec,
observer son impact sur moi, ne pas l’alimenter ni lui donner de l’énergie en
la combattants ou en la
repoussant, mais la laisser sédimenter en moi, sous mon regard curieux et
bienveillant. Puis revenir à l’action.
L’acceptation comme une sagesse
Un bon endroit où chercher la sagesse est là où vous vous attendez le moins à la
trouver : dans l’esprit de vos opposants.
Mais pour cela, il faut les avoir écoutés, ces opposants, et leur avoir donné le
droit d’exister, nous qui rêvons de n’avoir que des « approuvants… » Alors leur avis deviendra une richesse et une chance pour
devenir plus intelligents.
L’acceptation nous
permet d’intégrer la dimension tragique du réel, sans faire pour autant de
notre vie une tragédie : on ne nie pas les aspects douloureux ou injustes de
l’existence, mais on leur fait une place.
Pas toute la place : on n’en garde
aussi, bien sûr, pour ce qui est beau est bon.
Comme le mot
acceptation dérange car beaucoup entendent « résignation », on lui a cherché les remplaçants on peut
parler d’expansion : de fait, il s’agit bien de faire de l’espace en
soi , inlassablement, même ce qui nous dérange et nous déplait. Ne jamais nous y
résigner mais ne jamais nous y accrocher négativement par le rejet. Le rejet et
l’antipathie, comme la peur, engendrent la dépendance. Alors oui, faire cette
espace en soi, inlassablement, et diluer nos tourments et antipathies dans un
contenant infini. Plus nous sentirons de la raideur et du rejet envers ce qui nous
arrive, plus nous aurons intérêt à nous tourner vers une conscience vaste et
sans objet : l’accueil de tout.
L’acceptation,
finalement, suppose un choix paradoxal : celui de ne pas choisir ! De ne rien
rejeter, de ne rien éliminer. Même le « pas désirable, » le « pas beau », le « pas
bien. On décide, à l’inverse, de tout accueillir, d’héberger ce qui se passe et
ce qui est. Par l’acceptation, on ouvre un espace intérieur infini parce qu’on
a renoncé à tout filtrer, à tout contrôler, a tout valider, mesurer et juger. En ce sens accepter,
c’est s’enrichir et laisser Le monde entrer en nous, au lieu de vouloir le
faire à son image et n’en prendre que ce qui nous convient et nous ressemble. C’est
ce que disait Thérèse de Lisieux « Je
choisis tout ».
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