15 avr. 2020

Accepter ce qui est et agir à partir de ce qui est



Je vous partage ces réflexions de Christophe André dans son ouvrage "Méditer jour après jour". Elles m'ont permis d'être attentive à ne pas gaspiller  mon énergie dans les plaintes et les critiques stériles de ce qui est déjà advenu. Et, à l'inverse, d'explorer avec curiosité et créativité, ce qui peut être mis en oeuvre pour aller de là où nous sommes vers là où nous souhaitons aller.
Bonne lecture !


Accepter ce n’est pas dire « tout est bien », cela c’est l’approbation mais c’est dire « tout est là, tout est déjà là ».  Nous n’avons pas besoin d’aimer une pensée, une situation, une personne, ou une expérience pour les accepter. Pas besoin d’aimer, juste d’admettre que cette pensée cette situation, cette personne ou cette expérience sont là : elles existent, elles sont déjà dans ma vie et il va me falloir composer et avancer avec elle. 

L’acceptation, c’est une attitude durable et réfléchie face aux évènements : on arrête de se débattre tout en restant présent dans l’action, de façon lucide et calme. À chaque chose qui advient, on commence par dire : « oui. c’est là. » C’est l’accueil sincère et complet du réel tel qui se présente à nous.

Mais c’est accueil par le « OUI » ne signifie en rien une résignation et un renoncement agir et à penser. C’est juste une des deux phases de ce mouvement régulier de notre esprit, la respiration de l’âme : acceptation de ce qui est puis action sur ce qui est, acceptation de ce qui est advenu puis action sur ce qu’il est advenu. Et ainsi, encore et toujours…

Cela devient alors une seconde nature : Il n’y a alors plus lieu de faire des efforts d’acceptation : elle est devenu une capacité intérieure discrète et silencieuse qui nous donne  de la force, de la créativité et de l’énergie.

L’acceptation comme un détour

L’acceptation nous apprend à suivre le meilleur chemin pour arriver là où nous voulons aller. Et cette voix n’est pas forcément la ligne droite. Comme lors d’une randonnée en montagne, ce serait une mauvaise idée de vouloir monter tout droit vers le sommet.

Le détour par l’acceptation aura, au contraire, en effet souvent éclairant et paradoxalement apaisant : je sais, j’accepte, je vais faire de mon mieux puis nous verrons bien…

La pleine conscience nous apprend à faire ce détour par l’acceptation : accepter l’idée de l’échec, observer son impact sur moi, ne pas l’alimenter ni lui donner de l’énergie en la combattants ou en  la repoussant, mais la laisser sédimenter en moi, sous mon regard curieux et bienveillant. Puis revenir à l’action.

L’acceptation comme une sagesse

Un bon endroit où chercher la sagesse est là où vous vous attendez le moins à la trouver : dans l’esprit de vos opposants. Mais pour cela, il faut les avoir écoutés, ces opposants, et leur avoir donné le droit d’exister, nous qui rêvons de n’avoir que des « approuvants… »  Alors leur avis deviendra une richesse et une chance pour devenir plus intelligents.

L’acceptation nous permet d’intégrer la dimension tragique du réel, sans faire pour autant de notre vie une tragédie : on ne nie pas les aspects douloureux ou injustes de l’existence, mais on leur fait une place. Pas toute la place : on n’en garde aussi, bien sûr, pour ce qui est beau est bon.

Comme le mot acceptation dérange car beaucoup entendent « résignation »,  on lui a cherché les remplaçants on peut parler d’expansion : de fait,  il s’agit bien de faire de l’espace en soi , inlassablement, même ce qui nous dérange et nous déplait. Ne jamais nous y résigner mais ne jamais nous y accrocher négativement par le rejet. Le rejet et l’antipathie, comme la peur, engendrent la dépendance. Alors oui, faire cette espace en soi, inlassablement, et diluer nos tourments et antipathies dans un contenant infini. Plus nous sentirons de la raideur et du rejet envers ce qui nous arrive, plus nous aurons intérêt à nous tourner vers une conscience vaste et sans objet : l’accueil de tout.

L’acceptation, finalement, suppose un choix paradoxal : celui de ne pas choisir ! De ne rien rejeter, de ne rien éliminer. Même le « pas désirable, »  le « pas beau », le « pas bien. On décide, à l’inverse, de tout accueillir, d’héberger ce qui se passe et ce qui est. Par l’acceptation, on ouvre un espace intérieur infini parce qu’on a renoncé à tout filtrer, à tout contrôler, a tout valider,  mesurer et juger. En ce sens accepter, c’est s’enrichir et laisser Le monde entrer en nous, au lieu de vouloir le faire à son image et n’en prendre que ce qui nous convient et nous ressemble. C’est ce que disait Thérèse de Lisieux « Je choisis tout ».